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Stratégies performatives dans le discours nationaliste azéri sur le conflit du Haut-Karabagh

Alain Navarra-Navassartian


Logo officiel des excercises militaires turco-azéris de 2019. L'Arménie est pratiquement rayée de la carte.

Depuis quelques semaines, les différents médias azéris rapportent les propos virulents du président Aliev sur le conflit du Haut-Karabagh. Propos repris et amplifiés par la presse et les réseaux sociaux. Ces actes de langage ne sont pas anodins, tout d’abord par leur violence, ensuite par la référence à un système de conventions, de rituel et une stratégie qui croise les références historiques, le discours politique, la symbolique des récits épiques (le culte du héros) et le nationalisme le plus vindicatif. Avant toute chose, je dois préciser la position à partir de laquelle je parle : celle d’un individu d’origine arménienne. Mais il s’agit, comme nous l’avions fait dans le cas arménien, de voir comment la construction du discours nationaliste se fait et comment il va interdire, dans ce cas, une réelle possibilité de dialogue. Depuis 2003 et l’accession au pouvoir d’Ilham Aliev, le ton a changé. Il y a donc une métamorphose du discours nationaliste, notamment avec la personnalisation extrême du régime en Azerbaidjan, qui démontre le rôle clé que le nationalisme joue dans la résolution de ce conflit. Il faut préciser que le nationalisme est envisagé comme un phénomène moderne et non immémorial.

Nous nous étions déjà penchés sur les effets du nationalisme genré en Arménie pour constater le rôle important du conflit du Haut-Karabagh et sa militarisation sur un ensemble de comportements sociaux.


Dans ce cas, c’est la lecture des journaux, blogs, médias divers et du net, ainsi que les réseaux sociaux azéris sur plus de trois mois qui constituent la base de travail pour cet article.


La première question que l’on peut se poser quand on voit le déferlement de propos vindicatifs, haineux ou violents, c’est de savoir si l’ensemble de la société partage ce sentiment ou si ce sont les entrepreneurs identitaires qui s’en saisissent et l’instrumentalisent ?


La réponse semble assez claire, la haine de l’Arménien réunit, semble-t-il, une majorité de la population, opposition incluse. Mais ce discours dominant et vertical, fait-il place à un autre discours, horizontal celui- là, qui laisserait la parole à d’autres voix ? Notamment, celles des habitants des zones rurales où le voisinage et la cohabitation entre communautés avaient parfois un autre visage que celui de la haine ?


Donc, tous ces actes de langage se font sur une base de conflit ethnique et cela est répété à l’envi, on insiste sur la distinction entre Arméniens et Azéris, qui existait bien avant le conflit sur la base des attributs culturels, de la langue et de la religion. Toute cohésion éventuelle des populations est rejetée. Ce sont donc des thèses primordialistes qui mettent en avant des haines immémoriales. Ces thèses s’appuyant sur des « figures historiques » combattant l’ennemi arménien depuis la nuit des temps, pour retrouver la « pureté » du territoire. Jamais ne sont soulignés les modes d’appartenance populaire à la nationalité ; on évoque peu les relations contingentes, jamais l’hybridité qui fut une des caractéristiques de ce territoire comme dans l’ensemble du Caucase du sud. Ce discours hyper nationaliste ne s’attache pas, ni ne veut pas s’attarder sur les conditions d’émergence du conflit ; il ne fait que souligner l’interprétation ethnique. Aussi, dans cette verticalité il n’y a aucune place possible à d’autres narrations des évènements. Le nationalisme sud-caucasien a ses propres particularités dues aux développements socio-historiques de la région. On pourrait d’ailleurs se demander si l’identité ethnique a été, de tous temps, l’identité la plus importante de la région ? Ce questionnement n’est évidemment plus de mise aujourd’hui.


Quand on se penche sur l’histoire de cette région, Karabagh et Haut-Karabagh, on constate que les identités sont aussi politiques et construites historiquement, de la période des melikats au passage à province russe puis aux formes de partenariat russo-arménien et aux « réveils » des deux communautés, la région et sa population ont eu d’autres facteurs identitaires que la simple ethnie. Pourtant Ilham Aliev fait appel à des sentiments d’appartenance pré-modernes, essentialisant l’identité et usant du prisme psychologique ainsi que d’un ensemble d’émotions. Notamment lorsqu’il met en avant le « génocide » azéri commis par les Arméniens, argument utilisé pour promettre la reprise de l’Azerbaïdjan occidental, à savoir l’Arménie. L’accent est donc mis sur l’aspect psychologique de l’appartenance, un ethno-symbolisme qui voit le lien national comme immémorial, donc a-historique. A partir de là, la réification des groupes ethniques peut se faire, groupes qui sont obligatoirement soumis à des haines ancestrales. L’histoire, appelée à la rescousse du discours vindicatif, ne vient que confirmer l’impossibilité de sortir des catégories « groupes ethniques ». La violence au nom de ce nationalisme est valorisée, l’assassinat de Gurgen Margarian en Hongrie en est le parfait exemple, et s’inscrit d’autre part dans une valorisation virile de l’individu. La tolérance envers le geste criminel est d’autant plus grave qu’elle appelle explicitement à de nouveaux passages à l’acte. Tolérance d’autant plus accrue que le voisin, et ami, Turc soutient ce type d’acte qu’il pratique à l’envi dans son propre pays. Mais cette rhétorique est dangereuse puisqu’elle lève toutes les inhibitions de la violence.


Les politiques de la mémoire dans la région ne faisant qu’accentuer la concurrence des narrations (l’Azerbaïdjan soutenant évidemment la Turquie négationniste), il devient pratiquement impossible d’analyser les rapports sociaux sur lesquels reposent, aussi, les bases du conflit du Haut-Karabagh. Il ne faut surtout pas laisser de place à un travail d’analyse rationnel pour un sujet qui voudrait comprendre, tout d’abord les origines du conflit et ensuite le choix de la population arménienne du Haut-Karabagh du sortir du joug de l’état azéri. Le travail d’intercompréhension devient également impossible, les discours politiques, voire académiques deviennent une forme de construction-obstruction performative.

NÉCESSITÉ DU NATIONALISME VINDICATIF DANS UNE SOCIÉTÉ FRACTURÉE

La situation intérieure de l’Azerbaïdjan, la manne pétrolière dilapidée par le clan Aliev pour ses propres investissements, une situation économique difficile, des réfugiés du Haut- Karabagh qui n’ont pas été si bien intégrés que cela et vingt ans de sinistre social font que Aliev a besoin d’un discours de va-t-en-guerre, en se départissant de toutes barrières éthiques ou morales pour créer ce que B. Anderson appelait les « occasions d’unissonalité ». Il faut souligner que le ton des interventions de Aliev a évolué avec les différents changements dans la politique extérieure turque, les avancées de l’un confortant l’autre.


On pousse donc loin dans le temps la conception de communauté nationale pour asseoir un droit ancestral sur le territoire du Haut-Karabagh, ce qui ne fait pas sens. Difficile d’en trouver, y compris dans l’opposition des forces anti-guerre. Précisons que la censure et la répression sont telles dans le pays que peu de gens prendraient le risque de contredire le gouvernement. D’autre part si le visage du gouvernement azéri est connu par le monde occidental, ce dernier se contente tout juste de froncer les sourcils pour la répression qui sévit dans le pays, pour l’absence de liberté d’expression ou pour les atteintes aux droits humains. L’importance économique du pays, mais surtout sa position de pourvoyeur de gaz, l’immunise contre les velléités universalistes, souvent incohérentes, des puissances occidentales. Il y a différentes formes de lâcheté, la lâcheté complice en est une facette.


La mise en forme de la conscience nationale n’est pas quelque chose de nouveau dans la région. Les premières républiques du Caucase s’y sont attelées de 1918 à 1920.

ASPECTS HISTORIQUES

Il ne s’agit pas de relater, ici, l’histoire du Haut-Karabagh et de sa population arménienne (on trouvera dans la bibliographie un ensemble d’ouvrages traitant de l’histoire du territoire), mais de s’appuyer sur certains passages de cette histoire longue pour saisir les modalités du nationalisme. Modalités différentes selon l’époque historique.


La pénétration russe dans le Caucase et la Transcaucasie (1801-1864) est une expérience importante de l’expansion russe, le culte populaire, lui ne s’emparera pas de cet expansionnisme occulte. On est loin de l’Orient des fastes et de l’opulence, d’un Orient imaginaire. La région est plutôt une zone d’indigence, ce que soulignera Alexis Iermolov, après une visite dans le Zanguezour et le Karabagh. Mais c’est après la chute de l’empire russe et le retrait des troupes tsaristes de la Transcaucasie que le problème du Karabagh se pose. Les trois républiques transcaucasiennes : Arménie, Géorgie et Azerbaïdjan proclament leur indépendance, et le conflit naît de la revendication territoriale de l’Azerbaïdjan sur le Zanguezour et le Karabagh. Le 29 juillet 1918, le premier congrès des Arméniens du Karabagh, qui se tient à Chouchi, proclame le Haut-Karabagh entité territoriale indépendante et forme un gouvernement. Mais dès 1919, le blocus azéro-britannique est mis en place et le général Soultanov, gouverneur sadique d’une vaste région dominée par les Anglais, se livre à une politique de massacre. De 1923 à 1988, durant la période soviétique, de nombreuses démarches seront faites pour le rattachement du Haut-Karabagh à la RSS d’Arménie. C’est donc, pour les Arméniens et dès le début de la territorialisation ethnique soviétique, la construction du fait minoritaire dans un rapport à la violence et à un système de clôture sociale. Système qui détermine l’accès à un certain nombre de droits et impose des critères de sélection. Il y avait donc pour les Arméniens, même sous le régime soviétique, moins d’accès aux diverses options sociales que pour les Azéris. Le sentiment anti- Arménien est parfois nettement exprimé dans des « pratiques de distinction » (Bourdieu, 1982). Il faut souligner que ce concept de minorité et le traitement à accorder à ces minorités apparaît chez le voisin Ottoman à la fin du dix -neuvième siècle, avec une violence de masse qui prend pour cible les populations minoritaires ; c’est-à-dire non- assimilable à la Nation.


Mais comment et pourquoi en est-on arrivé à ce sentiment anti-Arménien en Azerbaïdjan, qui correspond aujourd’hui, au sentiment anti-Azéri en Arménie ?

Il faut, pourtant, sortir de l’essentialisation des identités ethniques et oublier la « haine ancestrale » pour se pencher sur des faits historiques et sociaux qui révèlent, à un moment de l’histoire des deux populations, des conflits d’intérêts en réponse à une crise autant sociale que politique et économique. Conflits qui vont entraîner une fracture profonde dans les rapports azéro-arméniens.

Bakou est la « citadelle ouvrière de la Transcaucasie » (A. Ter Minassian). D’après les données du recensement de 1897, les Arméniens représentent 6,9% de la population dans le gouvernorat de Bakou (les Azéris 58%), 35% dans le gouvernorat d’Elisabethpol et 53% dans le gouvernorat de Erevan. L’ordre colonial russe qui s’est établi dans la région, joue un rôle important dans le duo Arméno-Azéri. Les Azéris reprochent aux Russes de favoriser à la fois certaines classes sociales et certaines nationalités : bourgeoisie arménienne et population arménienne (A. Ter Minassian). L’économie du pétrole a, également, une importance cruciale : en 1888, sur 54 exploitations de pétrole, deux seulement appartiennent à des Azéris. D’autre part, en 1913 la population arménienne de Bakou a pratiquement rattrapé celle des Azéris : 42000 contre 46000, ce qui est vécu par la nouvelle intelligentsia azérie, pratiquement comme « une guerre démographique ». Se profile, donc, la « menace arménienne », sentiment d’autant plus facilement partagé dans la communauté azérie, que les deux populations connaissent une renaissance culturelle, sociale et politique qui entraîne une concurrence et une rivalité.


La période des tanzimats de l’empire ottoman et la révolution jeune turque étaient, par ailleurs, des références importantes pour ces jeunes intellectuels Azéris qui rêvent de « moderniser » les structures sociales, économiques et politiques de leur population. La religion sera également un sujet de débat et l’on constate une volonté de réformes importante, comme, entre autres sujets, la place des femmes dans l’Islam. Réformisme ou modernisme, les intellectuels tatares s’emploient à rénover leur culture. Dans le même temps, les Arméniens connaissent le même phénomène.


La vague réformiste des Tatars de la Volga est arrivée jusqu’en Transcaucasie et ce débat prend une tournure non seulement religieuse, mais aussi identitaire et « nationale ». Dans cette fin du 19e siècle, dans un temps ou la diminution des ressources à répartir dans la population azérie se fait jour, apparaît une question importante : quel groupe est privilégié dans la distribution des ressources ? La guerre Arméno-Tatare de 1905 sera le point paroxystique du phénomène.

A noter que l’on connait bien les rapports de classe et les conflits ethniques à Bakou, dans cette période qui va de la fin du 19e siècle à 1920. Mais qu’en est-il du monde rural, largement majoritaire dans le territoire ? On connait peu ou pas l’intimité d’un groupe vis-à-vis de l’autre. Il y a peu de littérature scientifique sur ce sujet. Mais l’homogénéisation du discours nationaliste a eu pour conséquence une distance face à ceux qui étaient auparavant voisins, collègues et pourquoi pas amis. Aucune trace, ou si peu, de la vie dans des régions rurales.


Avec l’apparition d’un nouveau type d’intellectuel tatar se mettent en place différentes actions pour la modernisation culturelle et sociale des Musulmans. La première montée d’un sentiment national pourrait-être cherché, durant les années 1870, quand l’Islam russe sort de sa torpeur, grâce aux penseurs azéris, criméens ou kazakh. On trouvera, d’autre part, la trace d’activités de groupes marxistes azéris (une première dans le monde musulman). Bakou est le centre d’organisations révolutionnaires azéris et les contacts avec la Turquie des jeunes turcs sont importants. On retrouve un certain nombre de ces intellectuels azéris dans le travail d’élaboration du corpus idéologique du nationalisme turc (Etienne Copeaux), comme Hüseyinzade Ali (1864-1942) qui participera à la naissance de l’opposition jeune turque, ou encore Ahmed Agaev, un des leaders du mouvement national en Turquie jusqu’à l’époque kémaliste.


Mais quel type de nationalisme a été privilégié ? Le nationalisme ne peut être vu, de façon unilatérale, comme un phénomène de modernisation. A-t-on assisté à la naissance d’un nationalisme conservateur ?


Le mot d’ordre de Ali Bey : Hüseinzade "Türklesmesk, Islamlasmak,murasirlesmek" (turquisation, islamisation et modernisation) sera d’ailleurs repris par Zya Gökalp : « Nous appartenons à la Nation turque, à la religion musulmane et à la civilisation européenne ».

TERRITORIALISATION DE L'ETHNICITÉ. L'HÉRITAGE SOVIÉTIQUE

Durant la période soviétique, les démarches pour être rattaché à la RSS d’Arménie seront constantes de la part de la population arménienne du Haut-Karabagh, démarches qui iront en s’amplifiant avec le « dégel » kroutchévien.


On l’a déjà souligné, la colonisation russe incorporait de multiples groupes ethniques qui possédaient leur propre structure de pouvoir, voire de souveraineté, sur certains territoires. C’est bien le cas pour les Arméniens de la région et les Tatars (melikat pour les Arméniens, Khanat et système clanique pour les Azéris, entres autres), mais l’administration de l’empire russe ne faisait pas référence à l’ethnicité. Ce n’est qu’après 1917 qu’un répertoire des peuples sera mis en place au travers d’une démarche politique et scientifique de construction des peuples. Processus soutenu par une démarche géographique d’établissement des frontières.


« Un peuple devient, dans le cadre de l’état, une personne ». L’appartenance ethnique devient un des éléments centraux qui figurent dans les dossiers de chacun. Tout un travail de formalisation des nationalités est mis en place. C’est une vision essentialiste des groupes humains qui va marquer pour longtemps les populations.


L’ethnogenèse est profondément ancrée dans l’école ethnographique russe et soviétique, mais absente dans la tradition occidentale ; les pères fondateurs d’une histoire « socio-naturelle », Shirokogorov, Bromley et Gumilev se rattachent pourtant à la tradition allemande de l’ethnie (Volk). Le peuple devient un objet qui ne nécessite aucune demande ou aucune question de définition. Il est évident que dans l’espace post-soviétique où se sont noués des enjeux de recomposition identitaire, ces notions autour de l’ethnos ont été utilisés avec des inflexions nouvelles quand la conjoncture le nécessitait.


L’ethnos russe et soviétique renvoie à une conception de la nationalité, difficile à comprendre pour le monde occidental puisque la citoyenneté et la nationalité ne sont pas distinctes comme dans le monde soviétique. Ainsi dans les années 1920, Shirokogorov, propose, pour rendre compte de la stabilité l’ethnos dans une région, que la corrélation entre la quantité de population et la superficie du territoire qu’elle occupe soit constante. Les revendications des Arméniens du Haut-Karabagh relèvent de cette logique. Mais le choix de l’ethnie en tant que communauté de référence sera arbitraire et artificiel. Comment regrouper, délimiter ou répertorier des populations nomades ou montagnardes, les clans, les lignages, etc… ? Tracer des frontières dans ces conditions est difficile et engendrera des luttes parfois violentes. Et c’est une décision arbitraire qui fait entrer, le 5 juillet 1921, le Haut-Karabagh dans le territoire de la RSS d’Azerbaïdjan bien que peuplé à plus de 90% d’Arméniens, qui n’avaient jamais été soumis au pouvoir de Bakou.


Ainsi dans cette quête de la preuve du « territoire national » millénaire, l’archéologie et l’histoire seront les outils indispensables pour relever les indices de l’enracinement de tel ou tel groupe humain dans certains lieux. Il y a donc cette volonté de créer une continuité pour établir la permanence d’une culture. Moyen déjà utilisé par les Turcs dans les années 1930 : la construction de territoires ethniques, d’où la population d’origine est presque effacée.


Après 1930, la territorialisation de l’ethnicité ne sera plus jamais remise en cause. Le groupe dominant est le seul à avoir des « racines » sur le territoire attribué. Ce peuple tutélaire aura, en certaines périodes de l’ère soviétique, des avantages comme un système de quotas, lui permettant d’accéder aux postes de responsabilité. Les Arméniens du Haut-Karabagh se vivront comme des « invités » sur leur propre « sol ». C’est une clôture sociale difficile à comprendre et à admettre. Majoritaires sur leur territoire, ils se retrouvent minoritaires socialement. D’autant plus que cette politique de privilèges accordés aux populations titulaires laisse planer un doute sur la loyauté des autres. La méfiance envers les Arméniens se nourrit aussi de ces constructions sociales soviétiques. Situation qui ne demande qu’à s’embraser en cas de problèmes majeurs : les pogroms d’Arméniens de Soumgait (27/02/1988) ou de Bakou (12-19/01/1990). Ainsi les pétitions et les différentes demandes de rattachement à l’Arménie ne trouveront pas d’échos sous le régime soviétique, car ces demandes étaient une remise en cause directe des catégories nationales établies par l’état.


Hors de question de remettre en cause les décisions de Moscou ! Tracer les « limites » qui relèvent, et révèlent, la réalité d’un peuple et, de là, sa territorialisation, a évidemment des implications stratégiques et politiques (Cadiot). Le recensement de 1939 démontre bien le seul souci étatique du document. Les nationalités sont, en fin de compte, hiérarchisées et c’est donc par une forme de répression colonialiste que les catégories nationales sont définitivement figées.

POLITIQUE DE L’IDENTITÉ

Aucune lecture du passé commun, ancien ou proche, ne semble plus possible. Si en Arménie la construction identitaire nationale se fait en rapport à une construction stato-nationale, en Azerbaïdjan, cela est détourné au profit d’un pouvoir personnel, autoritaire et héréditaire. Il est donc difficile de sortir d’une vision verticale de ce conflit et de son irréductibilité. Aucune autre vision n’est plus tolérée par Aliev, le conflit du Haut-Karabagh servant de pivot à sa politique intérieure.


Il privilégie, aussi, les liens non-rationnels, les aspects intangibles d’affinités spirituelles de l’ethnicité. Le fait religieux joue, comme dans les trois républiques sud-caucasiennes, un rôle certain. L’Azerbaïdjan a pourtant une longue tradition anti-cléricale. Comme dans les autres républiques, ce sont les élites post-soviétiques, communistes auparavant, qui useront de la religion pour servir les nouvelles politiques identitaires. Dans un Azerbaïdjan relativement séculier, la dynamique religieuse est portée par des mouvements venus de l’extérieur : Turquie, Salafistes du Golfe et, dans une moindre mesure, l’Iran, mais elle l'est aussi par des fondations privées. Le religieux reste sous contrôle, mais est utilisé par le régime dans les politiques de l’identité (Bayram Balci). L’utilisation de leviers "affectifs" où la symbolique des rapports de parenté, pour ne pas dire filiaux, empêche toute approche rationnelle du refus des Arméniens de retourner dans le giron de l’état azéri.


Mais il faut préciser que la libération de la tutelle azérie était devenue une question de survie. Nous avons déjà signalé les pogroms contre les Arméniens.

Le nationalisme est donc une ressource d’action politique évidente au sein d’un système de gouvernement qui produit divers modes d’expression de la radicalité : liberté d’expression, accès à la loi, etc. Lorsqu’on rappelle au gouvernement azéri ses exactions, les réponses sont étonnantes : elles rappellent l’illusion du bourreau devenu victime. Ces pogroms sont vite évacués dans un discours de justification des actions meurtrières. Le discours est important, il est un moyen de justification morale pour ne pas être celui que l’on déteste pour avoir commis des actes sordides. Bien qu’aujourd’hui, il n’y a même plus à chercher une justification morale. Les intérêts divers que les Occidentaux ont avec ces pays les absolvent de toute questions éthiques ou morales.


Si le nationalisme et l’identité sont des produits historiques, le fait d’avoir peu ou pas d’options dans l’élaboration de sa propre identité significative à partir de différentes situations, rend nécessaire le besoin de s’attacher à une identité « traditionnelle ». C’est une situation que l’on constate dans l’ensemble du Caucase du sud. Les affiliations prescrites sont un danger et une arme efficace lors de la reconstruction de l’histoire aux mains du politique pour défendre une souveraineté. La sécession des Arméniens du Haut-Karabagh révèle bien de ces problématiques : conflits de principes de droit international, de géopolitique, du droit des peuples, mais aussi des structures sociales comme du cycle de la haine raciale et de son utilisation politique.


Depuis peu, la propagande nationaliste azérie utilise un argumentaire qui a pour enjeux la seconde guerre mondiale. Sont donc diffusées des « informations » prouvant que des bataillons d’Arméniens auraient servis sous le régime nazi. On sort de l’argumentaire habituel pour jouer avec des objets symboliques de la sphère russe, le nationalisme russe se fondant, en grande partie, sur le constat du peuple vainqueur du fascisme. En retour, les Arméniens fournissent les preuves inverses. Les mémoires s’opposent, et, une fois la mémoire communiste effacée, il ne reste plus que la mémoire « nationalisée » qui rend impossible de travailler et de revenir sur les zones d’incompatibilités réciproques. Pourtant, elles expliqueraient cette décision des Arméniens du Haut-Karabagh et offriraient, peut-être, une approche de dialogue.


A-t-il existé d’autres modalités de vivre ensemble pour ces deux communautés ou tout n’a-t-il été qu’artifices et reposait uniquement sur l’usage de la force ? Le discours officiel ne fait plus aucune place à cette interrogation, parfois une voix s’élève pour rappeler les voisins arméniens ou azéris, évidemment timide.


Et si le plus important était la signification de l’appartenance au groupe, qui dans une confiance en soi collective serait capable d’intégrer les minorités ? Mais dans un pays qui se constitue sur un nationalisme très marqué par les théories turques, on a vu, d’ailleurs, comment les intellectuels azéris ont participé à la construction de cet édification nationale, l’importance de la valeur attribuée au groupe arménien était moindre.

Deux états trouvent donc dans ce conflit les ressorts idéologiques et politiques à la construction de leur état (T. Papazian pour l’Arménie). Pour l’Azerbaïdjan, il devient un élément fédérateur. Mais de part et d’autre, le conflit fera des milliers de réfugiés : 300 000 pour les Arméniens, 197 000 pour les Azéris de 1988 à 1992. Sans compter les populations turcophones comme les Mechkets, qui avaient trouvé refuge en Azerbaïdjan après les pogroms en Ouzbékistan, population que le gouvernement azéri avait installée dans le Haut-Karabagh afin d’en altérer la balance démographique. Ce qui n’a fait qu’accentuer la crainte des Arméniens d’une turcisation du territoire et rappelait les événements du Nakhitchevan en 1921.


Si les nations sont des récits fictifs (Gayatri Chakzavorty Spivak), il faut des personnalités pour que cet ensemble imaginé devienne réel. La personnalité de Heydar Aliev sera essentielle. Celui qui est appelé le père de la Nation saura instaurer le caractère paternaliste du pouvoir et va conditionner la forme et l’émergence du nationalisme dans la construction identitaire. Le rapprochement avec la Turquie voisine, sa volonté moderniste, le rêve d’un grand Azerbaïdjan (territorial) feront qu’on le compare à un petit Atatürk régional. Le conflit du Haut-Karabagh et sa perception du temps du gouvernement de Heydar Aliev, connaîtront une évolution au fil des ans, mais le grand changement vient lorsque le pouvoir est repris par son fils en 2003. Dans un pays ou toute voix critique est muselée, où la concentration des pouvoirs est organisée au profit de la famille dirigeante, le discours sur le Haut-Karabagh s’est durci. Le discours nationaliste est devenu une arme idéologique de cohésion, mais aussi un outil pour éviter toute protestation dans le pays, qui reçoit toujours un blanc-seing des pays occidentaux pour son fonctionnement liberticide. Il suffit de prendre l’exemple de Leyla et Asif Yunus, militants des droits de l’homme. Elle est la fondatrice de l’Institut pour la paix et la démocratie et ils ont œuvré pour la réconciliation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Détenus en 2014 et condamnés à huit et sept ans de prison, ils demanderont l’aide de la France. François Hollande dira avoir « évoqué » le sujet avec Aliev. Les contrats d’armement étant les enjeux de cette rencontre, entre autres, les droits humains sont passés à la trappe. Leyla Yunus avait reçu la Légion d’honneur en 2013…

La performativité du discours nationaliste d'Aliev a-t-elle produit les effets souhaités ? Oui, si l’on considère que la majorité de la population est d’accord pour mener une guerre contre l’Arménie. Mais ces mêmes actes illocutoires créent des réactions dans le camp adverse : Arménie et diaspora.


Puisque les droits humains, la vie des civils, la paix des peuples ou les minorités ne semblent intéresser personne, on aurait pu croire que pour développer, ou faire aboutir, le projet de contrôle des routes d’approvisionnement gazier et pétrolier, Aliev aurait privilégié l’absence de conflit à sa porte. Les Européens ont misé beaucoup sur le TAP (Trans Adriatic Pipeline) pour assurer leur sécurité énergétique, cela à un coût de 400 millions de dollars.


Il est vrai que les formes de conflictualité et de violence qui sont apparues dans cette zone géographique n’ont pas suscité un grand intérêt, y compris dans le domaine des sciences sociales et on n’y voit guère plus que le combat d’identités essentialisées qui commencent à agacer tout le monde parce que cela interfère sur des questions économiques ou de géopolitique. Mais les sources humaines et sociales sont totalement négligées. Dans ce ou ces discours nationalistes, l’autre est l’étranger, l’incarnation de l’ambivalence parfaite. C’est « la rationalité du mal » (Zygmunt Bauman) qui est mise en avant dans ce processus pour arriver à justifier une guerre sans jamais vouloir saisir les motivations, autres qu’ethniques, de ce conflit. Pour des raisons certes rationnelles : sécurité énergétique européenne, vente d’armes et autres, le but, la fin et les objectifs sont envisagés en dehors de toute considérations morales.


Quels sont les facteurs qui freinent ou favorisent un règlement de ce conflit ? Les réponses sont multiples et traversent les champs de différentes disciplines des sciences sociales et de l’histoire. La bibliographie permet d’aller plus loin si on le souhaite.


De tout évidence, et à juste titre, aucun Arménien du Haut-Karabagh ne retournera sous le joug de l’état azéri, soutenu en cela par une diaspora mondiale qui met là tout le potentiel et l’énergie dont elle dispose, comme une suite logique de la cause arménienne. D’autant plus que les propos de Aliev et de Erdogan se font écho. Ce conflit a très certainement changé la perception de soi d’une partie de la diaspora arménienne qui n’est plus décidée à correspondre soit à ce que l’on pense d’elle (victime ad vitam aeternam), ou à ce que l’on attend d’elle : se contenter d’actes compassionnels. Le Haut-Karabagh a toujours été un foyer ancestral de résistance et cet exemple a, semble-t-il, fait des émules. Il reste à organiser de manière collective, cohérente et stratégique, les communautés arméniennes afin de porter, là où nous sommes, la parole des minorités oubliées par l’ordre international.


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