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Le Prix Sakharov 2016 remis à deux Yézidies



Remise du Prix Sakharov 2016 à Nadia Mourad et Haji Bachar

Le parlement européen a remis la prestigieuse distinction à deux anciennes prisonnières yézidies de daech, Nadia Mourad et Lamia Haji Bachar. Depuis 1988 cette distinction honore les défenseurs des droits de l'homme, et permet ainsi de mettre en lumière le sort de la communauté yézidie dont de nombreuses femmes ont été capturées et réduites en esclavage sexuel.

Considéré par daech comme des mécréants, ce peuple est marqué par les persécutions. Comme pour les Chrétiens d'Orient, le sort des Yézidis du Sinjar ne semble pas avoir, outre mesure, ému le monde et pourtant les jihadistes ont voulu l'exterminer.

Cette population Kurde d'origine, qui pratique une religion syncrétique dans laquelle subsistent des éléments du Zoroastrisme, connait les pires moments de son histoire qui pourtant compte bien des épisodes douloureux, de la confrontation avec l'administration ottomane qui ne les reconnait qu'en 1849 aux conversions forcées d'Abdul Hamid II, jusqu'à la politique d'arabisation du régime de Saddam Hussein. Durant le génocide de 1915, des Arméniens comme des Syriaques seront accueillis et protégés dans certains villages yézidis.

Mais comme les Chrétiens d'orient leur existence est menacée.

Ce prix remis à ces deux femmes rappelle l'histoire tragique qui s'est déroulée sous nos yeux. Les Yézidis sont une des minorités les plus méprisées et ostracisées. Décapités, crucifiés et massacrés par daech, ce peuple se voit particulièrement frappé au travers des femmes et des filles de la communauté dont Nadia et Lamia sont à présent deux des porte-paroles. On espère donc un "intérêt" réel pour ce génocide, qualification donnée par l'ONU, et pour le sort de ces milliers de femmes violées, battues, humiliées et vendues dans une sorte de marché virtuel aux esclaves, dont un bureau de liaison se serait trouvé à Gaziantep en Turquie.

La catastrophe humanitaire est totale et le féminicide avéré.

Ce prix est aussi l'occasion d'aborder, encore une fois le sujet des violences sexuelles dans les pays en conflit, considérées comme une composante de la guerre depuis la nuit des temps, elles en sont devenues un sous-produit inévitable. Dans des sociétés ou la vertu féminine est une valeur essentielle, l'agression contre les femmes vise l'honneur des hommes, vise à terroriser les populations qui préfèrent quitter leurs terres et s'ajoute à cela le corollaire des viols et des tortures psychiques et physiques, l'exploitation sexuelle dont l'histoire de ces femmes amène la triste preuve, et ajoute un volet économique à ces drames humains.

Le conflit syrien, mais aussi celui d'Irak en 2003, pose un grand nombre de questions. Plus de 270.000 victimes, des millions de déplacés et de réfugiés ne peuvent que questionner l'éthique de ce conflit, le respect des normes humanitaires et ce qui fait société.

On estime à dix jours la capacité d'un drame à monopoliser l'attention des médias et par la même de "l'opinion internationale" qui juge donc souvent de manière imprécise les actions qui se déroulent dans le monde. Mais ce qui est certain, c'est que la mort a la même valeur ici et là-bas.

Churchill déclarait : "Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur, vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre".


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